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Comment méditer dans un labyrinthe ? En 10 étapes

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Un vieux compagnon

Depuis plus de 4000 ans,  les êtres humains ont créé ces chemins particuliers en méandres qui partent de l’extérieur pour aller à un intérieur. Ils proviennent certainement de spéculations spirituelles humaines autour des cercles concentriques et des spirales que l’on trouve gravés ou dessinés sur les rochers des alpes, en Sardaigne ou sur les parois des grottes. Les plus vieux labyrinthes datent du néolithique. Quelles étaient leurs fonctions ? Décoration ? Expression artistique ? Cosmologie ? Récits mythiques ? …  La plus ancienne fonction connue est l’utilisation du labyrinthe dans le mythe du Minotaure, symbole de notre animalité. Mais ce qu’il y a de troublant avec le labyrinthe, c’est qu’on le retrouve utilisé par des civilisations qui apriori n’avaient pas de lien entre elles. De la Crête aux Indes, en passant par les pays scandinaves et les amérindiens, ce symbole complexe est commun à l’humanité par delà les cultures, le temps et l’espace… Rien que son histoire est sujet à méditation !

Méditer dans un labyrinthe, mode d’emploi

Faites vous aussi l’expérience : entrez dans un labyrinthe et observez ce qui se passe. Soyez présent à vous, marchant en pleine conscience dans le labyrinthe. Il y a des choses qui ne peuvent être qu’éprouvées, les mots sont trop limitatifs. Cependant, je vous propose quand même un guide, un mode d’emploi. Cela fait plus de 10 ans que j’utilise les labyrinthes comme “terrain d’entrainement” pour mon activité spirituelle. Ce petit guide en quelques étapes sera votre premier Fil d’Ariane pour ne pas avoir peur de faire cette expérience et entrer dans le labyrinthe.

Si vous avez un problème, si vous avez besoin de méditer un symbole ou parole ou de trouver l’inspiration, un labyrinthe vous sera utile. Le labyrinthe agit comme une sorte de creuset des transformation, ou accélérateur de conscience ou catalyseur spirituel… Méditer en marchant dans ses méandres vers le centre puis repartir du centre pour retrouver le monde, vous facilitera et vous stimulera vos capacités méditatives.

Cette méthode en 10 étapes est valable pour le labyrinthe le plus accessible : celui à 3 circonvolutions. C’est avec lui qu’il convient de débuter.

1) Choisir un labyrinthe

Évidemment je vous parle de labyrinthes où on se trouve, pas où on se perd ! Les labyrinthes où on se perd sont appelés dédales par distinction. Les labyrinthes de méditation ont un seul chemin, pas d’impasse, pas de croisement, pas de choix multiples, pas de pièges. Ils n’ont pas non plus de mur, vous savez toujours où vous êtes, le but n’est pas de tester votre résistance à l’angoisse mais de cheminer en confiance. Les labyrinthes de méditation vont du Monde au Centre puis du Centre au Monde en passant par une série de méandres et de circonvolutions. Ces méandres et ces circonvolutions donnent la valeur symbolique au labyrinthe. Certains vous emmène progressivement au Centre, d’autres vous donnent l’impression que vous vous éloignés du but, d’autres encore vous font tournicoter jusqu’à ne plus vraiment savoir où vous en êtes. Il y en a à 3 circonvolutions, à 5 ou 7 voir même plus. Vous pouvez en trouver dans la nature, dans les villes, dans les églises ou les cathédrales. Il existe un site qui les localise à travers le monde : https://labyrinthlocator.com/

Vous pouvez aussi faire le votre dans votre jardin, je peux vous aider pour celà. Ou vous pouvez apprendre à en dessiner pour le tracer au sol, dans le sable ou avec des éléments naturels. Vous pouvez aussi vous faire ou vous procurer un tapis-labyrinthe.

2) Se préparer au seuil du labyrinthe

Tenez vous debout. Prêt à rentrer dans le labyrinthe. Vous êtes face au labyrinthe. Commencez par prendre de profondes inspirations et des expirations lentes. Sentez le calme revenir dans votre corps et votre esprit. Portez votre attention sur votre respiration, l’air qui s’engouffre et l’air qui est expulsé… Prenez ce temps de calme pour commencer le travail de reconnexion.

3) Parcourir le 1er voyage (aller)

Vous commencez à marcher sur le 1er voyage, la circonvolution la plus à l’extérieur du labyrinthe. Placez votre conscience et votre attention sur votre corps et commençant par les pieds en contact du sol,puis les autres parties mobiles, puis les parties passives. Cette étape vous aide à vous recentrer d’abord par le corps, à vous sentir là, présent, ici et maintenant. Prenez conscience que votre corps est votre véhicule terrestre grâce auquel vous vivez votre expérience humaine. Au virage de fin, prenez une profonde inspiration et une expiration lente.

4) Parcourir le 2eme voyage (aller)

Après le méandre du 1er voyage, continuez à marcher sur le 2ème voyage, la circonvolution intermédiaire du labyrinthe. Connectez vous à votre ressenti, vos émotions. Puis progressivement allez à la rencontre de votre état d’esprit. Essayez de le qualifier. Une fois cette connexion établie, déterminez le thème que vous voudriez traiter : ce qui vous occupe l’esprit en ce moment, une problématique, une résolution, un projet, un objectif… Au virage de fin, prenez une profonde inspiration et une expiration lente.

5) Parcourir le 3eme voyage (aller)

Après le méandre du 2eme voyage, continuez à marcher sur le 3ème voyage, la circonvolution la plus proche du centre du labyrinthe. Allez plus profondément dans le ressenti, au niveau de l’énergie, des vibrations. Qu’est ce qui vous fait vibrer en ce moment, vers quel élément vous vous sentez attiré ? Terre, Eau, Air, Feu ? La Forêt ? La mer ? La montagne ? … Connectez vous ainsi à votre état d’âme. Au virage de fin, prenez une profonde inspiration et une expiration lente.

6) Arriver au centre

Rentrer dans le Centre et contemplez le chemin parcouru en tournant lentement sur vous même. Arrêtez vous face à la porte du centre.  De cette façon vous faites face à votre position de départ. Prenez conscience de vous-même par effet miroir en imaginant vous voir à l’entrée du labyrinthe. Vous êtes dans votre for-intérieur. Le lieu où vous êtes seul à pouvoir entrer. C’est votre trésor, votre source. Ici vous pouvez prendre soin de vous. Toutes les forces du labyrinthes convergent vers le point où vous vous trouvez. Si vous le souhaitez, vous pouvez prendre une posture de yoga, de zazen ou de Qi Gong ou rester simplement là à profiter de cette instant, en pleine conscience, à être attentif à ce qui se passe dans votre être. Il faut ressortir du centre et revenir au monde, prenez une profonde inspiration et une expiration lente.

7) Parcourir le 3ème voyage (retour)

Vous marchez sur le 3eme voyage, la circonvolution la plus proche du centre du labyrinthe. Imaginez vous faire le plein de l’énergie dont vous avez besoin et vous avez senti à l’aller. Imaginez-vous que vous êtes dans un lieu où il y a cette énergie et vous vous en remplissez. Vous atteignez alors une certaine harmonie, plénitude. Vous ressentez l’envie d’être bon, de donner en retour. Vous rayonnez. Vous expérimentez votre Moi-Sage. Au virage de fin, prenez une profonde inspiration et une expiration lente.

8) Parcourir le 2eme voyage (retour)

Vous marchez sur le 2ème voyage, la circonvolution intermédiaire du labyrinthe. Vous repensez à ce qui occupe votre esprit en ce moment et que vous avez déterminé à l’aller. Utilisez votre énergie rayonnante pour vous placer dans un état d’esprit positif, créatif, confiant, nécessaire pour trouver des solutions, prendre conscience des soutiens que vous avez ou des signes de l’univers que vous recevez. Vous vous abandonnez à votre Moi-Sage. Au virage de fin, prenez une profonde inspiration et une expiration lente.

9) Parcourir le 1er voyage (retour)

Vous marchez sur le 1er voyage, la circonvolution la plus à l’extérieur du labyrinthe. Toujours en connexion avec votre Moi-Sage, prolongez-le dans votre vie réelle. Imaginez-vous ne plus avoir de problème. Vous avez trouvé une solution. Imaginez comment c’est arrivé, ce qui se passe en suite, comment vous vous sentez, qu’est-ce qui change concrètement pour vous… Vous avez confiance en votre Moi-Sage, les idées viendront, les opportunités apparaitront. La porte du labyrinthe approche, prenez une profonde inspiration et une expiration lente.

10) Sortir du labyrinthe

Avant de sortir totalement, prenez un temps à la porte du labyrinthe. Portez votre attention sur votre respiration, votre ressenti intérieur, votre état d’esprit, votre énergie interne. Sentez ce qui a changé entre l’avant et l’après labyrinthe. Mobilisez votre détermination à réaliser ce que vous avez à réaliser. Sortez d’un pas confiant et décidé.

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A suivre …

Pour obtenir le fichier son (mp3) de cette méthode en 10 étapes pour pouvoir l’emmener avec vous et l’écouter dans un labyrinthe, cliquez là pour télécharger le fichier.

D’autres méditations thématiques guidées vous attendent ici.

J’organise plusieurs fois par an des ateliers de découverte et d’initiation aux différents labyrinthes. Pour être tenu informé des dates, laissez votre adresse mail là.

A bientôt.

Et n’oubliez pas votre trésor…

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Cette méthode en vidéo !

Tout savoir sur les labyrinthes ? Retrouvez la visioconférence en REPLAY !

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Analyse symbolique du labyrinthe à 3 circonvolutions

Un témoin des sagesses antiques

Le labyrinthe a été retrouvé à des époques reculées (jusqu’à – 2500 av JC), dans des civilisations diverses (étrusques, grecques, scandinaves, égyptienne) et éloignées (asie, amériques, … ). Ce symbole provient certainement des spéculations consécutives de générations d’humains, qui prennent probablement leur source dans les tracés de cercles concentriques et dédaliques préhistoriques, dans le modèle de la grotte, le modèle de l’intérieur physique de l’humain ou des animaux (organes), le modèle de la matrice génitrice de la vie… Le labyrinthe a donc à voir avec la vie et la mort, le visible et l’invisible, les dieux et les humains, la vie intérieure et la vie extérieure, une représentation du cosmos… Il était certainement un support pour le récit cosmologique que se sont élaborés les humains pour combler leurs questions existentielles. L’archéologie moderne reconnaît aux premiers labyrinthes une fonction cultuelle, la labyrinthe était alors souvent lié au culte d’une déesse.

Avec la civilisation grecque, le labyrinthe est toujours un outil spirituel et il est le support d’un des grands mythes encore célèbre, celui de Thésée et du Minotaure qui inspire encore aujourd’hui les Sciences Humaines modernes. Plus prés de nous, la chrétienté a vu dans ce symbole de quoi alimenter la foi et stimuler l’ardeur du croyant à se mettre en Chemin avec Jésus-Christ. Le labyrinthe chrétien était alors un substitut du pèlerinage à Jérusalem : au centre, le tombeau vide du Christ et le baptême de feu. Grâce à ce syncrétisme chrétien, le labyrinthe a inspiré les Compagnons, les Alchimistes et plus prés de nous, les Franc-Maçons qui ont adapté et intégré le labyrinthe dans leur corpus symbolique, symbole du Voyage, du Grand Œuvre ou de l’Initiation. L’idée générale et commune est qu’on sort différent d’un labyrinthe, le travail méditatif, spirituel ou intellectuel durant le voyage transforme le cheminant. Le labyrinthe pourrait alors être considéré comme un condensateur d’expérience spirituelle.

Si ce tracé a traversé les âges, les civilisations, les obstacles géographiques ; s’il a inspiré et qu’il inspire encore tant de cherchants c’est qu’il possède un intérêt majeur dans le Chemin spirituel de l’Humain. Je vous propose alors une analyse de ce symbole pour le comprendre mieux.

J’avais fait un petit article précédemment sur ce que les encyclopédies nous disent des labyrinthes.

Au début était une croix.

L’analyse graphique des labyrinthes ancestraux et antiques montre que les concepteurs partaient d’une croix.

La technique a pu être retrouvée ou transmise, je n’ai pas d’information à ce sujet mais la voici pour le labyrinthe à 3 circonvolutions :

On démarre de la croix et des 4 points, sommets du carré dont la croix forme les médiatrices :

Cette croix rappelle la croix de Jérusalem :

Ce qui peut laisser émettre l’hypothèse que la technique s’est transmise à partir de ce schéma de départ. Cette croix de Jérusalem pour tracer le Chemin de Jérusalem (autre nom du labyrinthe)

Ensuite chaque extrémité est reliée à celle immédiatement disponible :

Entrons dans le labyrinthe et voyons !

Avec ce labyrinthe à 3 circonvolutions, nous avons le labyrinthe le plus simple. La parcours est progressif, la progression est linéaire : 1-2-3-CENTRE-3-2-1. C’est la progression la moins déroutante des labyrinthes, idéale pour débuter.

Le parcours est composé d’un aller, d’une station au centre et d’un retour. Nous voyons donc tout de suite le caractère ternaire de la pratique du labyrinthe : 3 mouvements : aller, station, retour.

ternaire du labyrinthe

Le parcours aller, 1ere circonvolution s’effectue (dans notre exemple) dextrogyre -qui tourne à droite-. On parcourt la limite extérieure, comme pour prendre la mesure du labyrinthe, prendre conscience de l’espace qu’il délimite, son ampleur et comme pour observer le monde depuis l’intérieur, un peu comme le chemin de ronde d’un château-fort.
La 2eme circonvolution-aller se parcourt dans le sens inverse (ici lévogyre)  et un peu plus près du centre, comme si on remontait la 1ere circonvolution, on revivait à rebours l’expérience de la 1ere circonvolution mais d’un point de vue plus centré, plus intérieur, la notion d’introspection est ici signifiée. Dès la 2eme circonvolution, grâce au méandre, nous sommes amenés à regarder, à prendre conscience, ce que nous venons juste de vivre. Cette effet n’est pas aussi manifeste dans une simple spirale. Dès ce labyrinthe de base, nous comprenons l’importance symbolique du méandre. Il perturbe la progression, obligeant à rebrousser chemin, à changer le sens de la marche, à perturber les habitudes. Cette 2eme circonvolution est le pas de côté, la critique, l’introspection, l’erreur ou l’échec.
3ème circonvolution-aller, on se retrouve dans le même sens que la 1ere circonvolution, on s’approche du centre. Il est moins question d’introspection, d’analyser l’expérience du parcours de la 2ème circonvolution-aller. Là, le labyrinthe nous ramène dans le même sens que la 1ère circonvolution, l’idée est donc de poursuivre, de reprendre son chemin mais enrichi, sur un autre plan, de manière plus centré. Là encore, le labyrinthe nous initie à la pensée ternaire : 1ere circonvolution dans un sens : thèse, 2eme circonvolution dans le sens opposé : anti-thèse, 3eme circonvolution retour au chemin sur un autre plan : synthèse.

ternaire parcours

On arrive au centre. Le centre est matériellement vide. Ce qu’il y a à trouver n’est donc pas matériellement dans le labyrinthe mais en soi. C’est une impasse, l’aboutissement du mouvement aller. Mais aussi la préparation et le point de départ du mouvement retour. Il y a donc dans ce centre à la fois l’idée de quête et de source, de fin et de début, d’alpha et d’oméga. On comprend ici pourquoi le labyrinthe résonne avec la spiritualité chrétienne, le Christ se présentant comme la fin et le début de toute chose, l’alpha et l’oméga. Le centre fonctionne aussi en ternaire : Arrivée-Intégration-Départ ; Passif-Contemplation-Actif ; Fin-Conscience-Début, …

Du centre on repart, 3ème circonvolution. Si dans le parcours aller, nous étions attentifs à ce que produisait le labyrinthe en nous, lors de ce parcours retour l’engagement n’est pas le même. Fort du trésor trouvé au centre, de la conscience élargie, de la sérénité atteinte, nous allons reparcourir le labyrinthe pour aller de ce centre vers l’extérieur. Le mouvement n’est plus concentrique mais  centrifuge. Nous sommes propulsés vers l’extérieur, envoyés au monde. Pour reprendre les éléments de culture chrétienne, on pourrait dire que le parcours aller est les évangiles, le Centre la mort et la résurrection du Christ et le parcours retour est les Actes des Apôtres. Nous comprenons ici que le labyrinthe fonctionne comme un lieu sacré pendant un rituel ou un culte, 1er mouvement on entre et on se purifie, 2eme mouvement au centre on partage un certain état de conscience individuel et / ou collectif et 3ème mouvement on propage cet état de conscience dans notre être pour transformer notre vie terrestre. Le parcours aller est donc passif, le centre est intégratif, le parcours retour est actif. On retrouve le caractère ternaire déjà exposé qui se confirme ici.

Les 3 voyages vont donc avoir les mêmes valeurs symboliques (thèse, anti-thèse, synthèse) mais avec une fonction différente : elle sera active. A chaque étape, nous chercherons à appliquer, à projeter, à décliner au niveau de la circonvolution le trésor trouvé au centre.

3ème circonvolution, on applique le trésor au niveau de la synthèse, la synthèse n’est plus le produit, le dépassement d’un combat binaire entre thèse et anti-thèse mais elle devient un choix, une volonté, un verbe, un projet, une quête.

Méandre, 2ème circonvolution, sens inverse : l’anti-thèse procède de la synthèse et non de l’opposition à la thèse. Elle fait partie de l’équilibre du monde. Elle prépare à la sortie. Sur cette circonvolution, nous prenons conscience qu’elle est l’intermédiaire entre l’univers sous influence de l’intérieur et l’univers sous influence de l’extérieur. Elle va nous permettre d’explorer les problématiques pour appliquer le Trésor de l’Esprit à notre monde matériel. Cette fois, l’introspection n’est pas sur la vie vécue mais sur l’idéal, la vie souhaitée. Le sens inverse permet cette fois d’inspecter chaque caractéristique de la quête pour lui trouver un prolongement dans le Monde.

Méandre, 1ere circonvolution, retour au sens initial : la thèse n’est plus ce qui vient en premier, elle découle de l’anti-thèse qui elle même découle de la synthèse. Elle assure la sortie du labyrinthe. C’est la circonvolution des solutions qui répondent aux problématiques de la 2ème circonvolution, posées par la quête exprimée à la 3ème circonvolution, inspirée du Trésor trouvé au Centre. Dans cette circonvolution, nous préparons l’application de ce que nous avons trouvé à l’Intérieur, dans les lois de l’Extérieur.

 Un symbole au double ternaire

On voit alors que le parcours est un aller-et-retour, de l’extérieur vers le centre puis du centre vers l’extérieur. La succession des circonvolutions sont autant étapes, d’échelons, de niveaux, de stades, d’épreuves à franchir pour passer de l’extérieur au centre et du centre à l’extérieur. Le centre a donc une importance primordiale dans le labyrinthe. Le symbole s’organise autour de lui et il semble être protégé par les circonvolutions.

Le parcours est ternaire : un aller, une station et un retour. Une partie dirigée vers l’intérieur, le centre, l’autre partie dirigée vers l’extérieur, le monde. On pourrait donc imaginer une valeur x pour l’aller et une valeur -x pour le retour. Actif / passif, masculin/féminin, chaud/froid, sec/humide, thèse/antithèse, soleil/lune, Jakin/Boaz, obscurité/lumière, etc… Cependant, au lieu d’être dans la logique thèse/antithèse/synthèse, dans le labyrinthe le ternaire du parcours suit une autre logique : alors qu’on pourrait croire que le centre fait la synthèse, c’est en fait la sortie. On parcourt une valeur, “passif” par exemple, au centre on trouve quelque chose, et on repart vers l’extérieur avec l’autre valeur par exemple “actif”. C’est à dire que dans le labyrinthe, un des pôles de la dualité sert à atteindre quelque chose (le centre) et l’autre pôle de la dualité sert à le ramener à l’extérieur et l’arrivée forme le troisième point, la synthèse.

Les circonvolutions sont ternaires : entre le centre et l’extérieur, la frontière n’est pas nette, il est nécessaire de passer par des nuances, des paliers de décompression ou d’adaptation ou d’acclimatation… L’idée est ici forte qu’entre le monde du centre et le monde de l’extérieur, il ne peut y avoir de passage linéaire et direct, il est nécessaire de passer par le sas des circonvolutions. Ces circonvolutions avec leurs méandres et leur concentricité, nous font progresser d’une manière singulière. Ainsi, en changeant de sens et en s’éloignant ou en se rapprochant du centre, les circonvolutions prennent une fonction et une signification particulières. Il faut 3 circonvolutions pour atteindre le Centre. Les circonvolutions ont donc des valeurs ternaires, un ternaire classique, progressif, de type thèse/anti-thèse/synthèse.

Le labyrinthe est ternaire : avec ses circonvolutions, il arrive à unir la dualité des 2 pôles opposés (Centre et Extérieur). Le labyrinthe nous fait passer de l’un à l’autre et de l’autre à l’un comme le tao avec le Yin et le Yang. De ce point de vue, on peut considérer que le labyrinthe aurait pu servir à une représentation du cosmos dans son ensemble avec le monde des Dieux et le monde des Humains ou de signifier cette énigme que nous expérimentons tous et qui a questionné l’humanité tout au long de son histoire : la dualité entre le monde intérieur d’un individu et le monde extérieur de la nature et de la société. Le labyrinthe est le Tao occidental de ce point de vue.

 

Décortiquons la forme

L’union de 2 spirales

A regarder de plus prés, on peut retrouver la forme de ce labyrinthe par l’enchevêtrement de 2 spirales inverses, l’une dextrogyre et l’autre lévogyre.

L’une forme à la fois la ceinture, la délimitation avec l’extérieur et l’enceinte du centre. Cette spirale semble s’occuper des fonctions “squelettiques” du labyrinthe, ses fonctions fondamentales : poser la première séparation qui créé et délimite un espace et créer le centre, ce qu’il y a de plus précieux dans le labyrinthe, elle donne l’essence.

L’autre spirale pourrait paraître secondaire mais elle ne l’est pas. Grâce à elle, le labyrinthe est ce qu’il est ! Sans elle, il ne serait que spirale. Cette autre spirale forme les circonvolutions, elle protège le centre, elle donne l’existence.

Là encore nous nous retrouvons avec une dualité complémentaire dont la synthèse forme le labyrinthe. Le labyrinthe unit ces deux spirales de sens contraire aux fonctions bien différentes et complémentaires.

L’union de 2 serpentins

Pour améliorer l’harmonie visuelle de ce labyrinthe, nous pouvons le dessiner à partir de cercles concentriques.

Nous voyons alors que ce labyrinthe peut être aussi dessiné par l’enchevêtrement de 2 serpentins.

Un sera toujours à la droite du cheminant et l’autre toujours à sa gauche. Un des serpentins fait la frontière extérieure mais ne forme pas l’enceinte du centre, la salle du trésor.

L’autre est contenu dans le premier et forme cette salle au trésor. Les fonctions essentielles de la frontière et du trésor sont ici partagées, tout comme les fonctions existentielles de formation des circonvolutions. Il y a dans cette conception une nouvelle distribution entre les 2 pôles binaires représentés par chaque serpentin. Chacun apportant un patrimoine “génétique”.

Le point de jonction

En cherchant à dessiner ce labyrinthe à partie des cercles concentriques, nous remarquons l’importance du point de jonction. Dans la technique de la croix, il est contenu dans la croix puisqu’il est le point d’intersection, il ne peut pas nous manquer, nous ne pouvons pas faire l’erreur de l’oublier alors son importance nous passe à côté. Avec la technique des cercles concentriques, nous voyons bien que si nous ne faisons pas toucher les deux serpentins au niveau des 2 méandres, il n’y a plus de labyrinthe puisque le centre est directement accessible par l’extérieur.

Dans la technique des deux spirales, ce point est le point d’intersection des 2 spirales. Ce point est donc le point commun entre les 2 pôles binaires. Malgré leur différence, leur complémentarité, ils ont un point commun et ce point commun est d’une importance capitale pour l’existence du labyrinthe. Ce tout petit point de rien ouvre un champ magnifique de spéculation spirituelle et méditative ! Il fait là encore penser par effet miroir au Tao où il y a un point Yang dans le Yin et un point Yin dans le Yang. Si on reprend l’image de la génétique, c’est le moment où les patrimoines génétiques sont mis en commun : la fécondation ou génération.

De merveilleuses méditations en perspective…

Je ne sais pas si vous aviez imaginé tout cela avec cette forme simple de labyrinthe… Elle est parfois dédaignée par les amateurs de labyrinthe qui préfèrent souvent la belle et complexe forme du labyrinthe de Chartres à 11 circonvolutions mais je trouve ça dommage. Il ne faut pas dédaigner les portes qui nous ouvre aux premières lumières.

J’espère que vous l’avez compris, ce labyrinthe à 3 circonvolutions est peut être simple mais il renferme l’essentiel de la pensée labyrinthique, il nous initie à la dynamique particulière des labyrinthes faite de pensée ternaire, de progression, de notion de centre, de vide, de point commun, de complémentarité, … Maîtriser ces notions est déjà un beau programme de travail !

Personnellement je ne me lasse pas de combiner des symboles alchimiques, spirituels, chrétiens ou maçonniques avec le labyrinthe. Méditer ces symboles avec le labyrinthe ouvre davantage l’imagination, la spéculation spirituelle, d’autres liens se font, d’autres connexions… La réflexion s’en voit enrichie, stimulée…

C’est pour cette raison que je considère ce labyrinthe comme le premier niveau d’initiation au labyrinthe, un niveau “apprenti”. Et comme c’est le premier qui va conditionner tous les autres, il ne faut ni le dédaigner, ni le dévaloriser. Même quand on pratique le labyrinthe de Chartres, il faut revenir au labyrinthe à 3 circonvolutions, comme le musicien qui fait ses gammes, le scientifique qui révise ses fondamentaux…

Il me reste à vous souhaiter de beaux voyages au pays des labyrinthes !

D’autres articles suivront sur les labyrinthes suivants à 5 circonvolutions, à 7 et à 11. A chaque jour suffit sa peine.
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2 Articles sur le labyrinthe à 5 circonvolutions

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Le symbole du labyrinthe – Que disent les encyclopédies ?

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Que disent les encyclopédies à propos du labyrinthe ?

Pour nourrir la réflexion et l’intérêt, j’ai regroupé ici quelques articles sur le labyrinthe provenant de dictionnaires et encyclopédies sur les symboles.

Si vous en connaissez d’autres, n’hésitez pas à m’en faire part !

 

Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie, Daniel Ligou, édition PUF , P675

“Le labyrinthe est généralement considéré dans l’ésotérisme traditionnel comme un signe de l’infini. A ce titre, on le trouve dans la cathédrale de Chartres, tout aussi bien que dans la villa Lucrèce de Pompéi, dans des vases grecs et étrusques, voire même en Scandinavie. […] D’après J.Tourniac, la notion de labyrinthe est liée à celle du centre. […] D’après L. Benoist, son cheminement était un substitut du pèlerinage et son symbolisme celui du retour au centre et au Principe.”

Encyclopédie des symboles, La Pochothèque, P 348-350

“Le labyrinthe est formé d’un ensemble de chemins entrelacés ; les premiers labyrinthes, construits autour d’un croix étaient de forme spiraloïde ou dessinaient de multiples méandres. La présence de tels labyrinthes, dans presque toutes les régions du monde, laisse penser que leur fonction était originellement cultuelle. Ils symbolisaient, dans un espace restreint, le long et difficile chemin de l’initiation. [mythe de Thésée et le Minotaure, Ariane est l’âme, … ]. D’une façon générale et la psychologie analytique le confirme, le labyrinthe représente le voyage psychique et spirituel que l’Homme doit accomplir à l’intérieur de lui-même, à travers les épreuves et tous les motifs d’égarement, afin de trouver son propre centre, ou en d’autres termes, l’image de son Soi. Alors, le cœur du labyrinthe est souvent vide – de sorte que le centre est à la fois la plénitude et le vide. Ici la mort et la vie se correspondent aussi et trouver la mort de son ego dans le labyrinthe revient à accéder à la vie véritable. Processus de mort et de renaissance comme on le trouve avec les dieux “à passion” ou dans le déroulement du Grand Œuvre alchimique. […] Le labyrinthe de Chartres a un diamètre de 12 m et le chemin qui le compose est d’environ 200 m. Celui qui parvenait à son cœur accédait symboliquement au centre spirituel du monde, d’autant que c’était au tombeau vide du Christ qu’on allait ainsi en pèlerinage. L’image de labyrinthe a aussi servi pour désigner la quête de l’alchimiste qui ne peut réussir sans s’être lui-même centré ou sans bénéficier du “fil d’Ariane” que représentent l’enseignement et l’assistance des maîtres qui l’ont précédé. Le labyrinthe est alors l’équivalent de l’Ourobouros mais un Ourobouros en quelque sorte éclaté dont il faut réunir les morceaux afin de reformer l’unité primordiale. […] ”

labyrinthe cathedrale chartres

Le livre des symboles, Taschen, P714-715

[Le labyrinthe de Chartres, la croix, rosace à 6 pétales emblème de la Vierge Marie, principe féminin]. Le labyrinthe est un symbole ancien dont la forme tortueuse a toujours stimulé l’imaginaire, quel que fût son support : coquillages marins, viscères animaux, toiles d’araignée, écailles de reptiles, courants tourbillonnaires, structure interne des grottes souterraines, bras enroulés des lointaines galaxies…

Les spirales et méandres retrouvés parmi les peintures rupestres des peuples préhistoriques, précédèrent les labyrinthes proprement dits : ils accompagnaient souvent des représentations de déesses. […] Ces spirales labyrinthiques figurent le passage symbolique du règne visible aux plans divin et invisible : elles décrivent le périple nécessaire aux âmes des morts pour regagner, sur la voie de leur renaissance, la matrice originelle.

[…]

La nature du labyrinthe est par essence duale et paradoxale, son tracé à la fois linéaire et circulaire, simple et complexe, historique et temporel. Lorsqu’il doit s’adapter à un espace compact, le même chemin, ardu et long, ne cesse de revenir sur lui-même en se dédoublant mais il mène aussi, par ces voies détournées, à un centre aussi mystérieux qu’invisible. De l’intérieur la vue y est particulièrement restreinte et déroutante. En revanche, observé d’en haut, il révèle une inspiration artistique et un ordonnancement extraordinaires. Ainsi le labyrinthe associe-t-il simultanément la confusion et la clarté, le foisonnement et l’unité, l’emprisonnement et la libération, le chaos et l’ordre. Dualité paradoxale qui reflète la démarche psychothérapeutique : chercher sa voie à tâtons, à travers la souffrance, l’obscurité, la confusion afin d’atteindre à une meilleure compréhension de soi et du monde, à une plus ample perspective. Une fois le centre ou l’objectif atteint, la voie du retour, après un tel voyage au cœur du labyrinthe, est toujours neuve.

 

minotaure